Idéologie politique ayant connu un
flop massif au milieu des années 1940, le national-socialisme
allemand rendrait fou de jalousie le plus rigide des écologistes qui
peuplent nos (plus si) vertes vallées. En effet depuis sa chute, le
nazisme est passé maître dans l'art du recyclage et traîne ses
guêtres de mal absolu d'ouvrage de fiction en ouvrage de fiction,
tant et si bien qu'il a réussi à se faire à nouveau une place au
soleil dans le paysage coloré de la politique allemande actuelle
(comprenez : gris, beige, et un peu moins gris). Toutefois
Guerrière malgré son nom
belliciste n'est pas de cette trempe-là, et joue plus dans la cour
de l'antagonisation classique de nos sympathiques loubards à
swastikas que dans l'approche subtile et documentaire. Bon, on sait
bien que les nazis ne sont pas des enfants de choeur, mais ici la
ficelle scénaristique est un peu grosse.
Il faut faire à peu près cette taille pour comprendre le sous-texte du film |
En
effet, à travers le destin de deux douces et fragiles petites biches
représentatives de la cible démographique qui a probablement le
plus entendu parler des horreurs perpétrées par leurs défunts
compatriotes et autres joyeusetés, le réalisateur se donne un mal
fou pour ne pas nous taper en pleine poire avec une brique sur
laquelle serait écrite : L'INTOLERANCE C'EST PAS BIEN. Il a un
message, le message est clair, il veut quand même nous le faire
savoir.
Nos deux martyres modernes commencent donc leur destin aux travers des viscères puantes de la jeunesse désoeuvrée et précaire allemande de façon opposée : l'une, Marisa, la vingtaine gouailleuse, y est déjà jusqu'au cou, tatouages à l'appui ; tandis que l'autre, Svenja, lycéenne paumée (attention, cette association d'idée peut en choquer plus d'un) y glisse petit à petit, poussée involontairement par l'autoritarisme borné de son père et par sa méduse amorphe de mère. Encore une fois on peut pousser un soupir d'auto-contentement : l'histoire est lancée sur des rails dont elle ne sortira plus. Pour dire, le film a même l'audace de commencer par le dénouement, histoire de nous rassurer quant à l'issue morale de ce qui en fin de compte n'est rien d'autre qu'un modèle standard de fable.
Nos deux martyres modernes commencent donc leur destin aux travers des viscères puantes de la jeunesse désoeuvrée et précaire allemande de façon opposée : l'une, Marisa, la vingtaine gouailleuse, y est déjà jusqu'au cou, tatouages à l'appui ; tandis que l'autre, Svenja, lycéenne paumée (attention, cette association d'idée peut en choquer plus d'un) y glisse petit à petit, poussée involontairement par l'autoritarisme borné de son père et par sa méduse amorphe de mère. Encore une fois on peut pousser un soupir d'auto-contentement : l'histoire est lancée sur des rails dont elle ne sortira plus. Pour dire, le film a même l'audace de commencer par le dénouement, histoire de nous rassurer quant à l'issue morale de ce qui en fin de compte n'est rien d'autre qu'un modèle standard de fable.
On s'est pas déjà vus dans un Iñarritu? |
Mais
rien en dit qu'un voyage en train ne peut pas être agréable, même
si l'on sait la destination finale être Charleroi. Et malgré tout
le mal que je puisse penser du paquetage héroïne tourmentée/martyre
sacrifiée/gros nazi pas bô/immigrant sauvé, il faut bien avouer
que le tout est sauvé par une direction artistique compétente,
proposant même parfois de bonnes idées créatives sous couvert de
tentatives un peu minables de transfert émotionnel, et surtout par
des acteurs qui n'ont pas peur de débiter leurs dialogues parfois
franchement hilarants de clichouillages avec un sérieux et même une
émotion qui font plaisir à voir.
Ce
qui aurait pu passer pour un exercice de plus d' « agitation
d'index moralisateur » devient donc sous le regard du
spectateur attentif, une bête curieuse ne tenant pas forcément
toujours sur ses pattes, mais plutôt agréable à disséquer d'un
point de vue cinéphile. Toutefois l'index est toujours présent et a
fâcheuse tendance à vouloir se loger dans nos mirettes innocentes
au moment le plus inopportun, forçant parfois le drame à un excès
qui en devient hilarant. Mais bon, le projet a l'air sincère et il
serait malhonnête de discréditer totalement ce qui reste une bonne
intention : faire savoir au monde entier que le mal, eh bien
c'est MAL.
Bonsoir.
Rick
Randall
VERDICT: A voir si l'on est en mal des années 80 et de leurs méchants surlignés, ou si on a juste besoin d'un conte pas bien fin mais bien intentionné.